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Comment j'ai décidé de me passer de l'école publique

Elle était tant attendue cette rentrée.... Après 9 semaines de longues vacances à avoir les 2 petits coeurs avec moi, j'étais, j'avoue, heureuse à l'idée que le plus grand reprenne l'école afin de me poser un peu avec le plus petit. Je pensais même commencer l'adaptation chez la nounou pour Mini Coeur de 6 mois. Mais rien ne se passa comme prévu...

Petit Coeur avait déjà été à l'école dans une toute petite section géniale où il était accueilli avec bienveillance et avec toute la disponibilité et la douceur possible. Cette année avait été fabuleuse pour entrer en contact avec l'école tant pour lui que pour son papa et moi en tant que parents d'élèves ! (j'en parle ici l'école est finie)

Petit sac sur le dos...

J'appréhendais par contre cette nouvelle rentrée car il y avait 31 élèves inscrits dans chaque classe. Plutôt de nature positive et combative je me disais "c'est pas possible, l'inspecteur va ouvrir une nouvelle classe !". J'y croyais vraiment. Sûre de moi et de l'investissement des parents de mon village j'accompagnai Petit Coeur pour sa rentrée car je savais qu'en plus l'inspecteur passerait pour "compter" les élèves (comme des moutons oui oui oui !).

J'ai donc, avec Super Papa, pris le chemin de l'école le lundi 4 septembre. Je suis arrivée devant une salle de classe minuscule à faire la queue avec d'autres parents pour pouvoir entrer. Le brouhaha était intolérable. Personne ne nous accueillit et je dus deviner qui était la maîtresse afin de lui dire bonjour et de lui présenter mon fils. Super Papa plus en retrait observait quant à lui que tel enfant se tapait le dos contre le mur, qu'un autre s'enfermait dans un jeu stéréotypé à faire des aller-retours avec sa petite voiture ou qu'une autre coloriait frénétiquement avec sa tétine dans la bouche pour supporter l'environnement. Je sais pas si vous imaginez 31 ptits loups de 3 ans dans 60 m², certains allant pour la première fois en collectivité....(Faites le test chez vous aussi de réunir 30 personnes inconnues dans votre salon vous me direz comment ça s'est passé....). J'ai donc laissé mon fils dans ce climat mais il ne semblait pas plus inquiet que cela (il jouait à la dînette).

L'inspecteur est arrivé, petit monsieur avec une chemise rose impeccable, avec sa collègue en talons hauts le suivant de près. Il est passé près du groupe de parents d'élèves avec lequel je discutais sans même nous dire un simple bonjour...Au mépris de toutes les règles de cordialité (et de sécurité en ces temps troublés !) il entra dans l'école comme s'il était chez lui. La directrice le reçu avec l'adjointe au maire et, pendant que ce monsieur comptait nos sardines enfants, les parents d'élèves firent une photo pour la presse avec banderoles à l'appui pour demander une ouverture de classe.

Les parents d'élèves devant l'école

L'après midi même le comité technique de mon village se réunissait pour proposer une solution en terme de local. L'inspecteur ne voulut en effet pas entendre parler de travaux dans une ancienne salle de classe (trop insalubre) ni d'une salle adaptée en école primaire (accolée à l'école maternelle mais ce monsieur estimait que c'était trop compliqué car "ce n'est pas le même établissement".....). La Mairie proposa donc de louer un préfabriqué à mettre dans la cour de l'école.

L'inspecteur refusa toutes les solutions. Et c'est donc à 31 élèves que les enseignants font classe. Devant cet état de fait, l'institutrice de la toute petite section accepte que certains enfants viennent dans sa classe pour soulager ses collègues (alors qu'il s'agit d'un dispositif spécial qui devrait normalement n'accueillir que des moins de 3 ans).

Quant à Petit Coeur, il pleurait beaucoup quand je venais le chercher à midi. Il attendait les yeux rivés sur la porte, immobile, et laissait éclater son émotion quand il me voyait. Tous les enfants attendaient d'ailleurs assis sur un banc et je ne ressentais aucune joie dans cette classe. Petit Coeur ne me racontait rien de positif pour lui. Le deuxième soir il déclara au moment du coucher "Pourquoi tu m'as laissé trop longtemps à l'école maman ?". Là j'ai senti que je devais faire quelque chose. Je sais mon fils très sensible mais très pudique aussi sur ses émotions. Le fait qu'il me dise ça n'était pas anodin et il n'y avait passé que 3 h !

Je n'en ai pas dormi. J'ai eu une copine au téléphone jusqu'à tard le soir se demandant ce que l'on pouvait faire de plus. J'ai ressassé tous les stratagèmes possibles et inimaginables pour convaincre d'une ouverture de classe (oui oui j'ai même imaginé occuper le bureau de cet inspecteur...). Je voyais des parents déprimés devant les grilles de l'école. J'ai vu une maman éclater en sanglots en laissant son fils qui pleurait dans la classe. J'ai parlé avec d'autres qui avait déjà connu ça l'année passée et qui se plaignait de l'agressivité de leur enfant ou de troubles du sommeil. C'en était trop. Puisque je ne pouvais pas changer l'école publique en un coup de baguette magique et bien j'ai retiré mon fils de l'école.

Beaucoup diront que Petit Coeur se serait habitué, que le monde est difficile et qu'il faut qu'il s'endurcisse (oui oui à 3 ans !). Mais je ne veux pas qu'il s'habitue à cela ! Je ne souhaite pas qu'il se soumette au "programme" juste parce que des grands pontes ont décidés qu'à 4 ans il fallait savoir dénombrer jusqu'à 4 et compter jusqu'à 5 (Nos enfants sont plus intelligents que cela !). Je ne souhaite pas qu'il apprenne des rapports de domination avec ses camarades. Je ne souhaite pas qu'il perde sa curiosité si à un moment donné il est plus intéressé par le son des lettres que par les collections d'objets. Et enfin j'estime qu'un enfant a au moins droit à de la disponibilité, de la bienveillance et de la patience surtout à cette période fragile de 3 à 6 ans où les émotions sont fortes et où il est impossible à un petit de "prendre du recul". Un enfant a également besoin de bouger pour apprendre.

J'ai donc inscrit mon fils en école privé, une école Montessori qui se situe à 15 minutes de chez moi. Ce sont de nouvelles contraintes, d'organisation et de financement, mais je ne regrette pas.

Chez nous aussi on "montessorise" un peu....

Petit Coeur est heureux d'aller à l'école. Il évolue dans un super espace avec du matériel attrayant et des éducatrices patientes et compétentes. Quand je viens le chercher il joue dans un grand jardin à trimbaler des planches en bois dans une brouette ou à passer d'un tabouret à un autre en équilibre. Il commence à se passionner pour la reconstitution d'un planisphère en bois et apprend le nom des continents. Il aime aussi peler des carottes pour la collation du matin, met le couvert à midi, et me parle du "cube du binôme" (j'ai du chercher sur internet à quoi sert cet étrange cube....). A la maison il devient plus autonome, patient et coopératif.


J'aimerais que l'école publique puisse offrir un tel environnement à nos enfants. J'enrage quand j'apprends qu'un enfant à l'école publique "coûte" (excusez moi du terme) plus cher à la collectivité que ce que je donne à cette école pour la scolarité de mon fils. Je ne supporte plus cette politique "rustine" qui se contente de donner des miettes et de calmer les uns et les autres au lieu de remettre vraiment en question le rôle de l'école de nos jours. De nombreuses personnes sont investies, ont envie de changer les choses, de faire évoluer leur pratique à l'école.

Mais comment faire quand le "mammouth" institutionnel ne bouge pas d'un poil ? Et pourtant sur un mammouth, qu'est ce qu'il-y-a comme poils !



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